En plein questionnement sur sa foi, Yakov, jeune juif orthodoxe, accepte une veillée funèbre.
Qu’on aime lorsque les premiers essais sont concluants. Autant ne pas dissimuler notre joie, elle qui sait être si rare dans un océan de sorties de genres qui, lorsqu’elles frappent dans le vide, font particulièrement mal au coeur. The Vigil via son réalisateur-scénariste Keith Thomas parvient à remettre des couleurs dans l’horreur au cinéma cet été 2020.
Très loin de l’elevated horror et ses scénarios torturants et biscornus, The Vigil hérite comme beaucoup de l’esprit et des fondations de l’imparable L’Exorciste. En salles, post-déconfinement, sur ce même socle, The Demon Inside avait réussi l’exploit inattendu d’être mauvais à tous les niveaux. C’est peu dire si la méfiance est de mise, même si la rareté des informations glanées ça et là sur The Vigil en haussent automatiquement la valeur.
Si le film ne se targue d’aucune grande production à la rescousse de son marketing, il aurait aisément pu être affilié aux Blumhouseries estivales. A prendre dans le sens de sa « politique des auteurs », si l’on ose ce terme : dès les premières minutes, on sent Keith Thomas contrôler au millimètre un film qui ne laisse rien au hasard, et surtout pas la manière dont il souhaite aspirer son spectateur.
Plutôt que de chercher absolument à qualifier le démon qui rôde, il parvient habilement à dépeindre le démon en soi. En l’occurrence, celui d’un jeune yiddish plus que fauché, Yakov – magistralement interprété par Dave Davis, tant dans ses touches de bonhomie que dans des moments plus durs. Une introduction qui empreinte par touches au style mumblecore pour nous glisser, en tout confort et sans trop que l’on s’en rende compte, dans le cœur de l’intrigue.
C’est ici, comme précédemment annoncé, qu’on plonge en plein Blumhouse. Littéralement, The Vigil est un gardien qui s’occupe de surveiller les âmes des quasi-défunts. Une extrême onction silencieuse, où le temps pèse autant que l’ennui. Keith Thomas s’empare totalement de cette situation narrative bâtarde pour préparer son terrain, emplie de mythologie judaïque, de critique sociale et de remise en cause des traditions et des croyances. Sur la forme, petit à petit, les apparitions se multiplient sans que l’on sache à laquelle de ces causes sont-elles les conséquences – avant que les tragédies ne s’entrechoquent dans un violent tourbillon générationnel et dramatique.
N’allez pas croire que The Vigil dessine ses démons et ses hantises au frein à main. Ici, pas de grands silences ni de scènes à rallonge : tout va à l’essentiel, tant dans le rythme que dans de vrais grands morceaux de terreur visuelle. Keith Thomas ne détourne jamais le regard, le spectateur non plus, et c’est ce qui fait le plus plaisir : les idées sont toutes concrétisées par des solutions de cinéma, par des envies de montrer du genre, sans fard ni excuses.
